Ceci est une ancienne révision du document !
Le manoir de Kerminy nous a accueilli⋅es à bras ouverts pour ces deux jours de discussion.
Étaient présent⋅es Régine fertillet, Jérome Joy, Cécile Colle, Ralf Nuhn, Dominique Leroy (cofondateur de Kerminy) et Jean-François Rolez.
Du vendredi soir au dimanche midi, ont été arpentés les possibles hirsutes en tous les sens, de haut en bas, de bas en haut, en dessous et à travers.
La question du titre et du sous-titre ont été discutées, ainsi que beaucoup d'autres dimensions de ce projet naissant.
Des notes brutes sont accessibles dans cet article : Notes brutes, kerminy, fébrier 2021
En substance, nous avons échangé les différentes perceptions de l'énoncé initial hirsute et les projections qu'il avait pu générer chez chacun⋅e.
Le terme “formation” a été beaucoup évoqué, pour d'un commun accord l'évacuer de la définition d'hirsute. En effet, si le terme école est encore présent, dire que l'EH n'est pas une “offre de formation” peut éclaircir la situation du projet vis à vis des écoles d'art par exemple (un espace complémentaire, augmenté, expérimental, mais qui n'entre pas en concurrence avec les structures existantes). Ne pas être assimilé à un “organisme de formation” n'empêche pas de proposer ponctuellement des formations sans avoir à formaliser l'ensemble du projet sur ce modèle.
il reste à peser le rapport contraintes/ouverture que cette expression offre (peut-être avec Mathilde Ehret-Zoghi deMaze?)
Hirsute est le terme sur lequel nous nous sommes mis d'accord, en évacuant peut-être le recours systématique au terme “école” qui grince dans l'oreille de certain⋅es.
Hirsute se propose de penser des moments collectifs dans l'art.
Dans la situation actuelle où les modalités de diffusion sont chamboulées, nous imaginons des temps de partage de l'art qui ne soit pas sur le seul modèle de la transmission (1→toustes) ou de la pédagogie telle qu'elle est pratiquée dans les écoles. Il s'agirait donc plutôt de penser la mise en commun d'expériences pour apprendre ensemble faire de l'art ensemble sur un modèle d'éducation populaire.
(C'est dans cette perspective que nous nous intéresserons sans doute aux écrits de Paulo Freire)
Il ne serait plus question d'un public, ou de sachants, mais d'un aller-retour entre des personnes aux expériences et compétences diverses qui peuvent se compléter.
Un autre terme émerge au contact du projet de Kerminy, les “chantiers participatifs”(on évoque Twiza. Effectivement, le modèle de chantiers effectués en groupe qui contribuent à la réalisation d'un projet commun en échange d'une transmission de compétences pourrait peut-être s'appliquer à hirsute.
La question du modèle des logiciels libres apparaît dans l'évocation constante du logiciel Pure Data.
En effet, ce logiciel construit grâce à la collaboration de programmeurs, d'artistes, d'utilisateur impose un mode d'apprentissage qui se rapproche par fois plus d'un guidage chamanique que d'une formation au sens stricte du terme, chaque utilisateur ayant sa propre manière de circuler dans l'interface. C'est aussi une technologie qui est très demandée par les artistes à la sortie des écoles et qui a fait l'objet de formations menées par Fabrice au sein de l'atelier expérimental (les RAACs, rencontres acoustiques et algorithmiques de Clans de 2003 à 2006). D'autres logiciels/système libres sont utilisés/développés/modifiés par des artistes (arduino, processing, olinuxino, blender, gimp,etc…) et peu enseignés.
L'idée qu'hirsute se structure comme un objet “libre” fait son chemin. Dominique évoque toutefois la question de l'intégration de contenus non-libres dans une structure qui répondrait d'une licence libre (certaines pratiques somatiques par exemple ne sont transmissibles qu'en possédant un label propriétaire).
L'idée qu'hirsute se structure comme un outil technique a été aussi beaucoup discutée.
Présenté à l'origine comme une sorte de “covoiturage artistique”, l'idée qu'hirsute puisse se présenter comme une interface en ligne reste présente dans les réflexions. Plusieurs réserves remontent toute fois, sur l'idée d'un réseau social (crainte d'être phagocyté par le modèle capitaliste de l'attention)
Jf Rolez propose néanmoins plusieurs pistes sous la forme de réseaux sociaux libres comme le protocole XMPP et ou des outils comme "salut à toi" ou movim.eu.
Jérôme propose d'étudier une organisation non centralisée, peut-être sur le modèle du peer 2 peer(pair à pair)?
Cette question est en lien avec le problème plus général de la structuration d'hirsute comme une société/coopérative/association ou espace informel.
Les prochaines rencontres permettront sans doute d'y voir plus clair.
La question de l'économie de l'attention est abordée et soulève - comme celle des réseaux sociaux - des mouvements de sourcils dubitatifs.
Une voie possible serait de penser ces travers capitalistes comme des zones à se réapproprier. Hirsute pourrait-elle construire ou transmettre de tels outils de réappropriation (on parle ici de réappropriation par les dominés des systèmes dominants).
Plusieurs propositions sont déjà listées :
- workshop d'été au P9
- summer camps à Concern
- chantiers de lutherie expérimentale
- anthologie orale de l'action furtive
- des moments autour de logiciels libres
-
La question d'un calendrier hirsute :
Hirsute pourrait proposer un calendrier au sein duquel les propositions s'enchaînent sans se superposer, d'une manière séquentielle, afin de permettre de suivre plusieurs sessions successives et ainsi entrer dans une logique de continuité. Éviter la superposition des propositions pourrait peut-être ménager un espace plus accueillant, non concurrentiel, où la participation au mouvement hirsute serait plus importante qu'une logique d'offre et de demande. Des réserves sont exprimées quant à la lourdeur de la gestion d'un tel calendrier. Freinerait-il la dynamique du partage?